Immobilier : les agences se paient la Tour Eiffel

La Tour Eiffel, monument identitaire de la France et de sa capitale, fête cette année ses 120 ans. Elle devrait pour l'occasion faire peau neuve et ses 250.000 m² de métal être repeints. « Comme M. Gustave Eiffel nous l'a demandé dans son testament, il faut repeindre la tour régulièrement pour la protéger de la corrosion », précise Jean-Bernard Bros, adjoint au maire de Paris chargé du tourisme, au sujet des réfections subies tous les 7 ans par la Dame de fer.

On est toutefois en droit de s'interroger : Gustave Eiffel aurait-il également fait part, dans son testament, de sa volonté de muer son oeuvre en panneau publicitaire géant ? Car c'est bien de cela dont il s'agit. Si la rénovation a cette année été confiée à une entreprise grecque, outre les 60 tonnes de peinture nécessaires pour couvrir les 300 mètres du monument, cette dernière aura la charge de fixer de larges pans publicitaires sur l'un de ses pieds.

« C'est difficile parce qu'il y a la hauteur mais on ne prend pas de risque pour autant, la sécurité est totale », explique Aderito Baptista, l'un des peintres qui n'en est pas à son premier rendez vous avec la Tour Eiffel. Sécurité des hommes donc, mais aussi du monument puisque si les panneaux affrétés par le professionnel de l'immobilier seront installés dans le courant du mois de mai, les dégradations qu'ils pourraient occasionnés à la Tour seront entièrement prises en charge par une assurance spécialement adaptée pour l'opération.

Le projet n'en suscite pas moins déjà de vives critiques. Philippe Ray, président de l'association « Paris brûle-t-il » s'insurge à l'idée d'une telle exploitation de la Tour Eiffel : « que le marché de l'immobilier ne soit pas au mieux est un fait qui n'autorise aucunement ses acteurs à dénaturer le patrimoine de la France ». Mais l'intérêt économique passe souvent outre les considérations morales. La rénovation de la Tour devrait en effet coûter quelques 4 millions d'euros, un investissement pouvant dès lors être financé en partie par la location de quelques espaces à des fins publicitaires.

Conscient de la polémique naissante, Jean-Marc Gardon se veut toutefois rassurant. « Nous allons suivre de près les réactions des parisiens et procèderons au retrait éventuel des panneaux si le besoin s'en fait ressentir », précise-t-il.